
La porte d’accès pour libérer les chaînes du passé.
Grâce à Monica Kunz, contellatrice et professeur de Yoga Iyengar dont j’ai reçu de nombreux éclairages durant ma troisième grossesse notamment à travers nos échanges écrits, j’ai eu cette aubaine d’être informée et réconfortée. Oui, il est possible de vivre ce passage et cela sans aucune séquelle! J’ai repris totale confiance en mes capacités de femme performante. D’avoir reçu l’avertissement qu’un accouchement est comparable aux efforts fournis par un athlète de haut niveau lors d’un marathon, m’a probablement tiré la sonnette d’alarme et mise en alerte. Je comprenais qu’il fallait obligatoirement que mon corps physique soit prêt pour cette épreuve. Ces partages de femmes ayant vécu des accouchements sans traumatisme marquant ont parlé à ma petite voix intérieure et au plus profond de moi, je percevais que tout était possible.
Voici son témoignage clair et limpide, beau et poignant, qui résume avec les mots d'une juste finesse ce que la femme traverse lors d’un accouchement par voie basse.
« Chère Marie,
Les dualités font partie de la vie sur terre. Douleur et plaisir en est une. Il arrive qu’un accouchement produise une douleur qui se transforme en plaisir. Cela dépend de chaque personne. Bien sûr il y a les mémoires familiales, il y a ce que nous avons entendus tout au long de notre vie.
Je ne peux que dire ce que j’ai vécu, un signal du corps qui annonce l’événement, des tensions fortes au niveau des aines frontales qui correspondent à l’ouverture du col puis aux contractions de l’utérus, ce sont des moments intenses où tu respires amplement, tu t’accroupis, tu communiques avec l’enfant et ton corps. Ton corps et l’enfant savent ce qu’il y a à faire, tu les assistes, tu te connectes à quelque chose de beaucoup plus grand que toi et qui a tout conçu de cette façon. Une confiance totale et immense, je me suis donnée à ces moments sans plus réfléchir, « à la grâce du Ciel et de la Terre ». Ce don de soi est entendu.
J’ai utilisé la voix pour « chanter » et libérer toute cette force. Une seule note, pas plus, mais si puissant. J’ai toujours dilaté rapidement, 2-3 heures. Puis viennent les contractions d’expulsion, pour mes enfants, 3 ou 4. C’est comme un ouragan qui pousse à l’intérieur. Là, j’ai pris mon souffle et j’ai accompagné la poussée de toutes mes forces. En étant accroupie, ça va vite pour sortir. J’ai bien senti la tête dans l’espace étroit du petit bassin et du vagin. Ça semble énorme comme volume et c’est surprenant pour nos sens. Quand la tête est sortie, le petit corps suit comme un poisson qui glisse entre les mains. C’est doux et tiède et humide, c’est magnifique.
Plus que douloureux c’est intense, c’est époustouflant, c’est déroutant. La douleur est plutôt vécue quand il y a de la résistance et de la peur. En position couchée, la douleur est inévitable, car tout va à contre-courant de la gravité.
En contexte hospitalier, je crois important de continuer à marcher, à déambuler, et à rester centrée sur soi-même, ne pas répondre à la curiosité des autres, ne pas se laisser distraire de l’essentiel. Ce centrage te permettra de découvrir ce qu’est une naissance au lieu de la subir. C’est ta re-naissance comme mère.
Je te souhaite de le vivre avec émerveillement !
Monica »
Ce témoignage a tellement vibré en moi, dans mon cœur et dans ma tête et cela comme un mantra guérisseur! Je le lisais chaque jour lors de ma troisième grossesse. Il activait un renouveau dans toutes mes cellules. Je connaissais certes le statut d’être devenue mère, mais je n’avais aucune idée de ce nouveau rôle qui s’ouvrait à moi, celui d’être actrice de la naissance de mon enfant.
Pour cette troisième grossesse, avec l’expérience et la maturité, nous nous sommes donc entourés de nombreuses personnes qui nous aideront à réaliser ce rêve tant présent, celui d’accoucher en toute sécurité et en toute sérénité.
Nous avons trouvé une équipe de sage-femmes indépendantes mais affiliées à la Frauenklinik à Berne, où la condition était dès le début la suivante : si aucune complication fœtale ne se présente, la possibilité d’accoucher par voie basse est autorisée sous contrôle médical, c’est-à-dire avec un cathéter et une ceinture abdominale pour surveiller les battements de cœur du bébé. Nous avons même été à signer un papier qui indiquait que nous étions responsables de ce choix en cas de pépin.
« Oui, le regard que nous posons sur les médecins pour accueillir leur limitation, ils sont dressés à avoir peur, et cette peur les rend agressifs dans leurs interventions. À quelle peur en nous celle des médecins fait-elle miroir ? Quel ancêtre, quelle situation dans notre système répond à cette peur ? Un exercice systémique est utile ». Proposition par Monica Kunz.
Nous voyons donc la peur de toutes ces femmes d’accoucher et de mourir en couche. Cette crainte se défini comme innée puisque présente depuis la nuit des temps, aussi du côté des hommes du clan. Combien d’entre eux ont perdu leur femme ou leur bébé, ou les deux à la fois ? Des peurs qui se trouvent donc autant chez la future mère que le futur père.
Il est donc essentiel de mettre en lumière l’origine de ces peurs, de leur faire une place, de les voir puis petit à petit de les remercier et de les honorer. Car de ce point de vue, suite aux décès de la femme en couche, ou du bébé ou des deux, d’autres ont pu prendre leur place et l’homme se remariait et avait à nouveau des enfants. Grâce à ces nouvelles personnes intégrées dans la famille, la Vie s’est transmise jusqu’à nous !
D’où l’importance pour les descendants de voir et d’honorer le destin tragique de la femme morte en couche. De voir aussi la douleur de l’homme qui perdait sa femme et/ou son bébé.
Il existe de nombreux drames dans chaque famille. Voir ces femmes décédées qui retrouvent leur bébé est touchant. Les voir s'enlacer tendrement après tant de temps séparés, avec une perspective intérieure de retrouvaille au ressenti de patience infinie. Les prendre dans nos cœurs et leur faire une place à l’intérieur de notre Être, leur dire que ce qu’elles ont enduré et traversé en vaut la peine, que tout cela n’aura été en vain, que nous continuons de vivre et de donner la vie en leur mémoire, en leur honneur. La bénédiction en sera un cadeau immanquablement mérité.
Ces morts qui retrouvent ainsi dignité et apaisement bénissent ceux qui leur amènent cette occasion.
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